L’idée plutôt que les calculs Spécial
La politique a ceci de commun avec le sport qu’au coup de sifflet final, on ne compte que les points et pas les belles actions: le succès se mesure aux buts marqués ou aux sièges gagnés. La droite genevoise l’a mieux compris que la gauche radicale, et conclu pour le deuxième tour de l’élection au Conseil d’Etat (30 avril) une alliance de circonstance. Mais peut-on faire de bons comptes sans être de bons amis?
A six mois des élections fédérales, l’heure est aux calculs partout. Au jeu du boulier, ce sont les Verts qui s’inquiètent. Eux qui pourtant se voyaient déjà en haut de l’Etat il y a quatre ans, portés par les médias, mais pas par des parlementaires à la retenue légitime. Les écologistes aujourd’hui en recul peuvent leur en savoir gré. Car si le climat ne leur est plus favorable, l’Ukraine et le coût de la vie pesant plus dans les urnes que ce qui reste du glacier d’Aletsch, certains militants se détournent aussi par dépit: ils ne voient pas de progrès dans la cause environnementale au Parlement.
Etre fort en maths ne suffit pas, il faut aussi être fort en thème.
Quelle serait leur désillusion si un Vert au gouvernement était chargé d’appliquer une politique majoritairement bourgeoise! Les Chambres ont fait une fleur aux écologistes en leur épargnant les pantalonnades de socialistes mécontents de leur conseiller fédéral au point de réclamer, après le vote sur l’AVS, de sortir du gouvernement – en attendant, sans doute, que les plus virulents soient prêts à y entrer. Maintenus dans une forme d’opposition, les Verts n’ont pas à assumer l’action insatisfaisante d’un ministre qui n’en peut mais.
Après avoir perdu neuf sièges lors des différentes élections cantonales de ce début d’année, les écologistes ont tout intérêt à retrouver leur âme militante. Le calendrier leur sourit, avec une votation populaire sur le climat en juin. Si la politique n’est qu’une affaire de chiffres, être fort en maths ne suffit pas, il faut aussi être fort en thème, la clé d’une campagne électorale ne résidant pas (que) dans les calculs. Pour les Verts comme pour les autres, il s’agit de convaincre en insistant sur les idées. Les électeurs, comme les spectateurs, préfèrent le beau jeu.
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