Témoigner avec conviction Spécial
Difficile d’espérer dans la noirceur de l’actualité. Il nous faut pourtant, sûrs de ce que nous croyons, témoigner avec conviction. Et pour cela, mettre à jour notre foi. Avec l’aide de l’Esprit.
Jean baptisait dans l’eau à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, loin du temple et de ses prêtres. Lorsque soudainement, il voit Jésus venir vers lui, c’est sans la moindre hésitation qu’il déclare: «Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde». Non seulement il témoigne avec une stupéfiante clairvoyance, mais il le fait avec une conviction qui ne peut que nous interpeller, habitués que nous sommes à lire les journaux avec circonspection ou à mettre en doute la fiabilité des témoins dans les prétoires.
Au-dessus de tout soupçon
Loin de se rétracter, Jean annonce ensuite que cet homme qui le précède et lui succède est le Fils de Dieu. Mais si vous espériez voir le Fils de Dieu apparaître vêtu de soie et de brocart, entendez qu’il n’en est rien. Il est tel un agneau. Vous pensez alors à une petite créature à la toison laineuse qui tète sa mère dans la douce lumière d’une bergerie? Là non plus, vous n’y êtes pas! Cet agneau-là est destiné à être sacrifié. Est-ce parce que notre nature ne nous laisse pas rester «innocents comme des agneaux» bien longtemps que nous avons choisi ce petit animal si doux pour être l’emblème de l’animal à sacrifier? Il y a chez lui quelque chose de si pur qu’il semble être prédestiné à apaiser le courroux céleste.
Qui est Jésus pour nous? Comment comprenons-nous son message?
Les prêtres du temple de Jérusalem l’avaient bien compris. Ainsi, lorsqu’ils suivaient le rituel prévu dans la Torah, c’est matin et soir que l’agneau faisait partie de leurs holocaustes dans le temple.
Un temps terminé?
Tout cela devrait nous parler d’un autre temps. Cependant, je dois avouer qu’en lisant les journaux lors du passage à l’an neuf, je n’ai pas pu m’empêcher de frémir devant les titres de l’actualité: «L’Ukraine dit avoir repoussé 16 drones pendant la nuit», «Kiev à nouveau bombardée lors du Nouvel An», «Ce sera notre réalité pendant tout l’hiver». Mais qu’ont fait ceux qui sont pris pour cible jour après jour? Ne sont-ils pas une image criante de l’innocence sacrifiée?
Si les prêtres du temple de Jérusalem offraient des sacrifices quotidiens, c’est qu’ils se devaient de réparer un monde constamment menacé par le péché. Mais le Christ, l’Agneau de Dieu, est précisément mort pour que nous comprenions qu’il n’est plus nécessaire d’offrir des sacrifices tous les jours. Les règles du temple ne régissent plus notre monde.
N’est-il pas, en ce début d’année, plus que jamais temps de penser à notre propre témoignage? Certes, il ne nous suffira pas de répéter les paroles de Jean Baptiste. Car affirmer aujourd’hui «Jésus est l’agneau de Dieu» risque fort de ne parler qu’à un cercle restreint de personnes, celui des chrétiens. Ce sera néanmoins l’occasion d’une mise à jour de notre foi: qui est Jésus pour nous? Comment comprenons-nous son message? Que voulons-nous en faire au quotidien? Il nous faudra ensuite témoigner avec une conviction inébranlable. Et peut-être qu’alors nous entendrons s’approcher de nous le bruissement rapide des ailes de la colombe qui nous soutiendra sans relâche dans nos engagements fragiles mais opiniâtres.
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