Quand Dieu se manifeste Spécial
L’Epiphanie est la manifestation de Dieu à l’ensemble de la Création. Les mages en sont le symbole. Ils nous invitent à nous tourner vers du neuf, à regarder vers en haut et à conserver un esprit d’enfance.
Epiphanie: ce mot signifie apparaître, paraître sur, manifester. Dans le délicieux récit de l’adoration des mages, l’évangéliste Matthieu annonce déjà la visée universelle du ministère de l’enfant de la crèche. L’Epiphanie est la manifestation divine aux nations du monde. Ces nations sont représentées par trois personnages hauts en couleurs: trois provenances géographiques, trois âges, trois couleurs de peau.
L’Epiphanie est la manifestation d’un roi, d’un messie: «La domination reposera sur son épaule; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix» (Isaïe 9, 6). A la crèche, dans l’identité native de Jésus, se dessine déjà un formidable projet de paix, de réconciliation et de justice pour tous les peuples. Une universalité riche de promesses pour notre monde partagé, divisé, dévasté: un monde de paix où la justice demeurera et où (symboliquement) «le loup habitera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau; le veau, le lionceau et le bétail qu’on engraisse seront ensemble, et un petit enfant les conduira» (Isaïe 11, 6).
Il y a là en germe une forme de pacification mondiale, une utopie à même de faire pièce à un autre universalisme actuellement dominant: le système économique mondialisé qui régit tant de choses et dont les méfaits sur les humains et la Création apparaissent de plus en plus néfastes, destructeurs et mortifères. Un germe. A la fois peu de chose et infiniment beaucoup s’il est multiplié! Comment faire, me direz vous?
Les mages ouvrent des pistes
Notre récit nous montre plusieurs pistes bien intéressantes. Regardons cela: les mages sont des êtres en quête, en recherche, en mouvement vers du sens, vers du neuf. Sommes-nous nous aussi en quête, en mouvement vers d’autres manières de penser et de vivre? Les mages regardent le ciel. Regardons-nous vers le haut, vers Dieu? Ils accrochent leur vie à une étoile. Accrochons-nous nos vies à un idéal ou restons-nous désespérément arrimés aux choses, aux objets? Les mages arrivés à Bethléem se prosternent devant un enfant. Savons-nous garder notre esprit d’enfance et d’émerveillement?
Ils lui font des cadeaux. De l’or: sommes-nous généreux en faveur des plus pauvres? De l’encens: sommes-nous des femmes et des hommes de prière? De la myrrhe, onguent symbole d’espérance et de résurrection. Sommes-nous dans cette dynamique de vie au travers des morts que nous traversons? Et puis, ils écoutent leurs songes: prenons-nous le temps de rêver? Et ils repartent par un autre chemin…
Emprunter d’autres voies
L’année qui a pris fin voici quelques jours n’a pas été facile: elle nous a réservé plus de bas que de hauts. Au passage à l’an neuf, nous avons peut-être pris de bonnes résolutions. Comme pour les mages, avec les mages et par la grâce de Dieu, l’année qui commence nous donne l’occasion de partir par d’autres chemins, de briser des cercles vicieux, de changer dans nos vies ce qui convient pour qu’elles ressemblent toujours plus à la vocation de paix et d’amour que Dieu nous a adressée! Nous en avons besoin, le monde en a besoin, la Création en a besoin!
Virgile Rochat, pasteur
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