Festyv’louange à Yverdon Spécial
Invité à se produire à Festyv’louange, qui se déroule du 23 au 30 septembre à Yverdon-les-Bains, Sébastien Corn allie depuis 16 ans musique et ministère pastoral. L’évangélique porte avec enthousiasme la pop louange, tout en constatant ses défis.
Guitare sur le dos, sweater noir, Sébastien Corn s’avance à notre rencontre, souriant, dans un café de l’aéroport de Genève. «On peut se tutoyer?», propose-t-il avec simplicité, à peine descendu de son vol de sept heures sans sommeil de Montréal, où il réside depuis 2003. Le chanteur, compositeur et producteur chrétien a été durant sept ans le leader du groupe Impact, dont les chansons comptent parmi les plus reprises dans les églises chrétiennes francophones. Aujourd’hui la formation fait une pause; Sébastien Corn est devenu directeur du collectif de musique La Chapelle et a lancé un projet en solo, Chroma.
Un ministère pastoral
Après avoir commandé une boisson, l’artiste nous raconte son parcours qui trouve son origine dans un camp chrétien en Angleterre alors qu’il est adolescent. «J’ai reçu la vocation d’un ministère pastoral musical. A ce moment, je ne voyais pas quelle forme cela prendrait. Mon seul exemple était celui de mon pasteur qui battait péniblement la mesure pour faire chanter l’assemblée», se souvient-il en souriant. Lui aussi débute en dirigeant la chorale de jeunes de sa petite Eglise. Mais c’est une communauté bien différente qu’il va rejoindre en 2003, lorsque le Marseillais s’envole pour le Québec avec sa femme pour suivre des études bibliques. L’église Nouvelle Vie compte plus de 2000 fidèles. «Un groupe de prière m’a demandé si je pouvais animer la soirée à la guitare. Les personnes présentes m’ont suggéré de chanter. Ça a plu. De fil en aiguille, j’ai été promu leader de louange et responsable de la musique jeunesse», raconte-t-il.
Engagé en 2007 par son Eglise, Sébastien Corn commence son ministère par un temps de jeûne et de prière de 21 jours pour se mettre à l’écoute de Dieu. Une parole résonne dans son coeur: «Un chant nouveau pour une génération nouvelle». «J’y ai vu la mission de former des adorateurs ayant à la fois un cœur pour Dieu et des talents musicaux pour l’exprimer.» Il ressent aussi le besoin de composer des chansons en français. «Les gens chantent plus intensément dans leur langue. Je voulais mettre des mots et des mélodies sur les aspirations et les prières des francophones.»
Un message actuel
Comment compose-t-on des titres de rock et de pop chrétiens? «Je commence par demander au Seigneur: ‘Que veux-tu me dire et que veux-tu dire à ton Eglise?’», explique-t-il. Ses chansons s’inspirent de faits vécus et de la Bible. Il écrit «Mon secours est en toi» (2015), un de ses titres phares inspiré du psaume 121, à la mort d’un cousin. De nombreuses paroisses l’ont repris en cœur après les attentats de Paris la même année. «Cette chanson est devenue un hymne pour ceux qui souffrent et ont besoin de trouver l’espoir dans l’épreuve.» Pas toujours simple de mettre en musique contemporaine les textes anciens de la Bible. «J’ai transpiré pour composer un Notre Père car il n’y avait pas de rimes, et les vers n’ont pas le même nombre de syllabes», admet-il.
Sébastien Corn fait une pause en buvant son café latte. Il se réjouit de retrouver un public romand qu’il a déjà côtoyé lors de ses tournées avec Impact. La dimension œcuménique de Festyv’louange (lire ci-contre) lui tient particulièrement à coeur: «J’ai porté des oeillères. Dans mon Eglise en France on disait: ‘Un catholique ne va pas au ciel’», confie le pasteur. Une vision qui a changé au gré des concerts pour des catholiques qui le touchent par «leur foi vibrante et inspirante». Lors d’un événement en 2017 pour les 500 ans de la Réforme, le chanteur évangélique fait monter sur scène les catholiques du groupe de louange Glorious, un signe fort d’unité.
Servir Dieu
Pour Sébastien Corn, la pop louange est cette volonté d’«ancrer l’Eglise dans la modernité» née dans les années 1970 aux Etats-Unis, notamment au sein du mouvement hippie. «Cela peut raviver l’intérêt de vivre la foi chez les jeunes.» Le Québécois précise de lui-même le «revers de la médaille»: «Il y a le risque que cela ressemble trop à un show et que l’on perde la substance, le but de notre rassemblement. On a parfois confondu la louange avec toute la production qu’elle implique et qui n’est pas accessible à toutes les paroisses. Il nous faut peut-être retourner à une forme plus dépouillée». Il encourage à rester «centré sur le Christ et vivre en communauté autour d’une table». Et recommande à ses collègues musiciens: «Ne vous servez pas de l’estrade et du Christ, mais servez le Christ».
Célébrations variées
Pour sa 2e édition, le festival de louange d’Yverdonles-Bains Festyv’louange accueille des groupes de musique et conférenciers du 23 au 30 septembre. «Il est né d’une collaboration entre les Eglises catholique, réformée et évangélique», explique Rolf Schneider, initiateur de l’événement. Le rêve du musicien, qui travaille depuis 40 ans pour l’organisation évangélique Jeunesse en mission, était de créer un festival avec des expressions variées de louange. En 2019, il a réuni le groupe catholique Glorious, une fanfare de l’Armée du salut, un concert d’orgue et la fusion de chorales des trois Eglises. «Ce qui a le plus de succès, c’est la pop louange», assure-t-il. Pour lui, elle est une tentative d’adaptation culturelle des textes bibliques et de la prière pour les rendre accessibles à nos contemporains. Et «elle aide à prier collectivement». Particularité de l’édition 2022: une exposition revient sur la transmission du patrimoine biblique à travers l’histoire.
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