Ils se jettent à l’eau Spécial
Sept hommes dépressifs forment une équipe de natation synchronisée pour regarder vers le haut. Le Grand Bain (2018) de Gilles Lellouche, en tête du box-office à sa sortie sur les écrans, allie subtilement humour, réalité douloureuse et force du collectif.
Marcus, mal rasé, quitte péniblement son lit pour prendre son déjeuner: dans le bol de céréales du quinquagénaire au chômage flottent des capsules colorées d’antidépresseurs…Un jour, il tombe par hasard sur une petite annonce: le club amateur de natation synchronisée masculine de la piscine municipale recrute. Il y rejoint six hommes aux vies cabossées (problèmes professionnels, souffrances familiales, …) qui ont du plaisir à se retrouver et à s’entraîner sous les ordres de Delphine, une ancienne nageuse talentueuse devenue alcoolique. Dans Le Grand Bain (2018), le vestiaire devient un lieu de thérapie collective en maillot avec une règle: ne pas juger. «Dans cette course un peu individualiste où l’on se retrouve tous coincés malgré nous, on oublie le collectif, l’entrain, le goût de l’effort, confiait le réalisateur Gilles Lellouche dans une interview, marqué par l’observation de réunions d’alcooliques anonymes. J’ai été ébahi par la chaleur humaine, le dialogue, l’écoute qui y régnaient».
Des losers attachants
Une bulle de partage qui va faire remonter chacun à la surface après qu’il a touché le fond. Le Grand Bain est un hymne au franc-parler, à l’amitié, au courage. Celui de ne plus fuir une réalité douloureuse mais d’y faire face: Laurent décidera par exemple d’accueillir chez lui sa mère atteinte de troubles psychiques. Ce film sélectionné au Festival de Cannes est aussi un joli pied de nez à l’individualisme et aux clichés de la virilité et la réussite: on rit et on s’émeut avec ces losers aux bedaines attendrissantes. Si certaines scènes sont drôles par leur ridicule – on retiendra le vol de maillots de bain organisé dans un supermarché –, on salue la finesse dans la variation des rythmes et des ambiances: la fin se passe de mots et invite à poser longuement son attention sur la bande-son et l’émotion perçue dans les visages des personnages. Et à côté de scènes de vie difficiles, plusieurs tubes des années 1970-1980 redonnent un élan: la vie continue! Un film rafraîchissant!
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