Au coeur de la messe chrismale Spécial
Elles sont utilisées pour oindre les baptisés, les confirmés et les malades: chaque année, les huiles saintes sont bénies par l’évêque au cours d’une célébration rassemblant agents pastoraux, diacres et prêtres du diocèse. C’est la basilique de Neuchâtel qui les a accueillis le 4 avril.
«Quand je vous regarde, je me dis: combien de personnes ont eu l’occasion de percevoir la présence du Christ et de recevoir la consolation du Saint-Esprit grâce à vous? Je vous en remercie vivement. C’est le plus grand cadeau!» Ces mots de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, résonnent dans l’église bondée Notre-Dame de l’Assomption à Neuchâtel. En ce 4 avril, la messe chrismale réunit une centaine de prêtres et une dizaine de diacres en aube blanche qui se tiennent à l’avant de la nef, suivis de plus de 120 agents pastoraux et religieux. Une célébration solennelle où se côtoient le français, l’allemand et l’italien et où la liturgie est soignée: processions, orgue et chants en latin et en français la ponctuent.
En communion
Quelques touches d’humour, de la part de l’évêque notamment, se glissent dans cette célébration d’une heure bien orchestrée: «Pendant que je cherche le passage que je vais commenter, je vais meubler», plaisante Mgr Charles Morerod. L’assemblée rit tandis qu’il retrouve la prière de bénédiction du saint chrême qu’il commentera dans l’homélie. Car le cœur de la messe chrismale – du grec khrísma, qui veut dire huile ou onction –, célébrée pendant la Semaine sainte dans le monde entier, c’est bien la bénédiction de trois huiles saintes: l’huile des catéchumènes, l’huile des malades et le saint chrême. Celui-ci est utilisé dans les sacrements du baptême et de la confirmation et lors de l’ordination des prêtres. «Nous sommes en communion avec les futurs baptisés, les futurs confirmés et les malades», rappelle Romuald Babey, représentant de l’évêque dans la région diocésaine de Neuchâtel depuis 2021. Lentement, les huiles sont portées dans des récipients métalliques jusqu’à l’autel, où elles sont bénies à tour de rôle par Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Pierre Farine, ancien évêque auxiliaire, et Mgr Charles Morerod. Plus tard, elles seront amenées par les délégués diocésains dans leurs régions respectives où elles seront utilisées durant toute l’année. Le saint chrême symbolise la communication de l’Esprit Saint et de ses dons aux âmes des fidèles.
Autre moment important de cette messe: les assistants pastoraux, les prêtres et les diacres renouvellent leurs voeux et leur engagement. «Voulez-vous avec moi garder fidèlement le trésor de la foi selon l’Evangile, le traduire en paroles et en actes, en particulier dans le service du prochain à la suite du Christ serviteur?», demande Mgr Morerod aux sept diacres présents. «Oui, je le veux», répondent-ils d’une seule voix. «C’était l’occasion de redire mon oui au Seigneur pour l’appel qu’il m’a adressé il y a vingt ans. C’est aussi la joie de se retrouver autour de l’évêque avec toutes les personnes engagées en Eglise», témoigne Bertrand Georges, diacre dans le décanat de Fribourg, après la messe.
Chaque jour
Pour Manuela Huguonnet, agente pastorale au centre fédéral pour requérants d’asile de Boudry, c’est un peu différent: «Aujourd’hui c’est la fête et c’est beau de rencontrer les collègues. Mais le renouvellement de mon engagement se fait pour moi tous les jours, chaque fois que je me prépare à me rendre sur mon lieu de travail». Celle qui est aussi active dans la pastorale de rue est particulièrement émue cette année: une icône représentant la Vierge de tendresse qu’elle a fait écrire, destinée à la chapelle du centre fédéral de Boudry, a été bénie durant la célébration. «Je suis venue avec dans le cœur toutes les personnes que j’accompagne à l’aumônerie», confie la Neuchâteloise.
La messe chrismale, qui se déroule successivement dans les différentes régions diocésaines, a eu lieu pour la dernière fois à Neuchâtel en 2016. «Une de nos particularités est notre dimension œcuménique, dans nos aumôneries notamment, explique Romuald Babey, diacre depuis dix ans. Yves Bourquin, président du Conseil synodal de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel, était présent parmi nous.» Et de conclure: «Cette célébration fait l’unité du diocèse».
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